Journée Mondiale de la Lutte Contre la Désertification : Allocution de Madame Arlette SOUDAN-NONAULT, Ministre du Tourisme et de l’Environnement

THÈME : «construisons l’avenir ensemble ».

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Mesdames et Messieurs,
Chers Compatriotes,

Depuis 1995 conformément à la résolution 49/1995 de l’Assemblée Générale des Nations Unies, la Communauté Internationale célèbre le 17 juin de chaque année, la Journée mondiale de lutte contre la désertification.
Cette Journée a été instaurée dans l’objectif de promouvoir la sensibilisation des différentes parties prenantes sur les questions relatives à la désertification et à la dégradation des terres dans le cadre de la mise en œuvre de la Convention des Nations Unies sur la Lutte Contre la Désertification.
Pour cette année le thème retenu est : «construisons l’avenir ensemble».
Ce thème nous interpelle particulièrement à l’heure où les changements climatiques menacent notre existence même sur la terre. Il s’agit pour nous de nous déterminer sur le monde dans lequel nous vivons, celui dans lequel nous voulons vivre et finalement celui que nous voulons léguer à nos enfants.
Il s’agit également de mener une réflexion sur les politiques, programmes et projets mis en œuvre à ce jour pour lutter contre la désertification et la dégradation des terres qui affectent durablement les écosystèmes et accentuent le changement climatique.

Mesdames et Messieurs,
La désertification et la dégradation des terres est dans la plupart des cas le résultat des activités humaines. Nos pratiques culturales, la production du bois énergie, l’exploitation forestière illégale, l’urbanisation anarchique, le changement climatique sont autant de causes identifiées, à l’origine de la dégradation des terres et de la désertification.
Cet état de chose affecte durablement les capacités des communautés rurales à se prendre en charge et à assurer leur survie, les terres propices aux activités agricoles devenant moins fertiles et se trouvant de plus en plus loin des lieux d’habitation.
Il est capital de noter qu’en raison de la croissance démographique, la demande en nourriture et en eau devrait doubler d’ici 2050 alors que les rendements des cultures devraient sensiblement diminuer dans les zones touchées par la dégradation des terres et affectées par la sécheresse.
Plus de 1,3 milliard de personnes, principalement dans les zones rurales des pays en développement, se trouvent dans cette situation.

Mesdames et Messieurs,

A côté des activités anthropiques, la dégradation des terres est aussi la conséquence des changements climatiques dont les effets néfastes tels les pluies diluviennes et les inondations contribuent à accentuer le phénomène de l’érosion hydrique qui cause la dégradation des infrastructures et des habitats, réduisant parfois à néant les efforts de toute une vie.
Inversement, la dégradation des terres contribue à renforcer le phénomène du changement climatique par la perte du couvert végétal suite à l’action humaine qui réduit ainsi les capacités de séquestration de ces écosystèmes.
Aussi, l’action conjuguée de ces deux phénomènes pourrait à terme menacer la sécurité alimentaire, les sources de revenus, l’habitat et donc la survie de millions de personnes à travers le monde qui seront forcés de migrer vers des lieux d’habitation autres que ceux où elles vivent habituellement.
On estime à près de 135 millions, le nombre de personnes, notamment de jeunes qui risquent de migrer de manière permanente en raison de la désertification et de la dégradation des terres.
Tenant compte de ce qui précède, la Convention pour cette année appelle à mettre l’accent sur la viabilité des terres et des conditions de vie dans les communautés rurales pour nos jeunes.

Mesdames et messieurs,
La Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification est l’instrument international qui promeut le développement durable dans les écosystèmes fragiles.
Elle détermine les moyens d’améliorer le rôle des collectivités locales, de l’État et des organisations non gouvernementales. Elle apparaît, à ce titre, comme un outil privilégié de lutte contre la pauvreté et de valorisation des ressources locales.
Depuis son adhésion à la Convention en 1999, notre pays n’a cessé de se préoccuper de la problématique de la dégradation des terres et de travailler à la résolution de ce problème. C’est ainsi que la République du Congo est partie à plusieurs initiatives parmi lesquelles :
– Le Partenariat TerrAfrica, établi en 2005, qui vise à soutenir les gouvernements des pays d’Afrique subsaharienne dans leurs efforts de coordination des interventions et des ressources pour une intensification des bonnes pratiques de Gestion Durable des Terres.
– Le Programme de définition des cibles de neutralité en matière de dégradation des terres initié par la Convention en 2015 afin d’assurer une gestion durable des forêts, de lutter contre la désertification, de mettre fin à la dégradation des terres et à la perte de la biodiversité et de lutter contre les changements climatiques.
La Neutralité en matière de Dégradation des Terres jouera un rôle central dans le renforcement de la résilience des communautés rurales contre les chocs et aléas climatiques. Le Congo, notre pays a déjà défini ses propres cibles de neutralité en matière de dégradation de terres.
– Enfin, la République du Congo prend toute sa part au Défi de Bonn ou Bonn Challenge, qui est un effort mondial dont l’objectif est de restaurer 150 millions d’hectares de terres dégradées et déboisées d’ici à 2020, et 350 millions d’hectares d’ici à 2030.

Mesdames et Messieurs,
Comme vous le voyez, plusieurs initiatives sont menées au niveau mondial, régional et national pour lutter contre la désertification et la dégradation des terres. Beaucoup de choses se font, mais beaucoup reste à faire pour atteindre l’objectif de zéro dégradation des terres.
La Commission Climat du Bassin du Congo présidée par Son Excellence Monsieur Denis SASSOU-NGUESSO, Président de la République, Chef de l’Etat et dont le plan d’investissement climat est en cours d’élaboration permettra de toute évidence de renforcer les synergies dans l’action tant au niveau régional que national en faveur de la gestion durable des terres.
L’enjeu ultime étant, au-delà de notre pays, de préserver le Bassin du Congo, deuxième poumon écologique au monde après l’Amazonie.
Il est donc question d’adopter des pratiques agricoles moins destructrices de l’environnement, de diversifier nos sources d’énergie, de mieux penser notre urbanisation, de lutter contre l’exploitation forestière illégale et de diversifier notre économie.
Nous devons par conséquent tous nous mobiliser, l’Etat, la société civile, le secteur privé, pour protéger la planète par la préservation et la restauration de nos terres car, un sol sain génère la vie, détermine la qualité et la quantité des aliments que nous consommons, et plus généralement la qualité des services que les écosystèmes nous fournissent.

Mesdames et Messieurs,
Grâce à la mise en œuvre de politiques volontaristes et des investissements appropriés dans l’exploitation des terres, les infrastructures rurales et le développement des compétences, l’avenir est prometteur.
Le message est clair, si les terres sont bien gérées, elles peuvent fournir non seulement assez de services pour survivre mais aussi un lieu où les individus et les communautés peuvent construire un avenir meilleur.

Je vous remercie.

Arlette SOUDAN-NONAULT.